(1) Haag, Constitution du Moi corporel et des toutes premières étapes du développement du Moi qui sont d’ordre corporel in La spécificité de la prise en charge médicale des personnes polyhandicapées en institution, CESAP Formation, p.29/41, 1997
(2) Bullinger, La genèse de l’axe corporel, quelques repères, in Enfance n°1, p 27 à 35, 1998
(3) Bullinger, Le rôle des flux sensoriels dans le développement tonico-postural du nourrisson, In Motricité Cérébrale, 1996, 17, p.21 à 32
(4) Bullinger, Habiter son organisme ou la recherche de l’équilibre sensori-tonique, in Le développement sensori-tonique de l'enfant et ses avatars
(5) Bullinger, Sensorimotricité et psychomotricité, in La thérapie psychomotrice, 1995
(6) Haag, La structuration de l’image du corps dans les deux premières années, 1989, conférence donnée à Nantes
(7) Bullinger, Le concept d’instrumentation : son intérêt pour l’approche des différents déficits, in Le développement sensori-tonique de l'enfant et ses avatars
(8) Haag, Les troubles de l’image du corps dans les psychoses infantiles
(9) Haag, Prévenir les surhandicaps psychiques des handicaps, entre le déficit et le moi corporel
(10) Bullinger, Les bébés à risque autistique, Le dialogue sensorimoteur avec l’enfant : les particularités du bébé à risque autistique
(11) Bullinger, Les prothèses de rassemblement
(12) Bullinger, La régulation tonicoposturale chez le bébé, in Le développement sensori-tonique de l'enfant et ses avatars
Le développement postural s’appuie sur l’état tonique de l’enfant.
Selon Bullinger, nous pouvons distinguer deux postures de bases : les postures symétrique et asymétrique.
La posture symétrique est observable à la naissance, associant une hypotonie du tronc à une hypertonie des membres. Dans son schéma d’enroulement, le bébé semble replié sur lui-même. Cette posture privilégie la centration du bébé sur lui-même, et notamment sur sa sphère orale. « Les mains, dans leur mouvements, peuvent être captées par cet espace oral, le bébé engage alors une activité de succion qui le mobilise complètement ». (3)
Le déficit tonique de l’axe est quelques fois compensé par un blocage de la respiration permettant le redressement du buste. On parle de tonus pneumatique. Il Cependant, « ce mode de recrutement tonique limite considérablement la durée des échanges sociaux. Le buste s’effondre lorsque l’enfant reprend sa respiration et le contact avec autrui est perdu. » (3) De plus, ce mode de compensation ne permet pas la constitution de l’axe corporel et entraîne une non-coordination de l’espace de préhension - les mains vont rester de manière quasi-obligatoire dans leur hémi-espace et leur coopération devient difficile - et perturbent la stabilité des points d’appui. "Cette instabilité détermine une difficulté majeure dans le contrôle du mouvement et affecte particulièrement le contrôle de l’adresse finale du geste" (7), donc les praxies.
Avec le redressement du buste grâce au renforcement postural (4/7 mois), il y’a un premier haubanage avant/arrière du buste avec une équilibration des schèmes de flexion et d’extension, ce qui permet la libération de la respiration pneumatique.
Les postures asymétriques, postures dite ‘‘d’escrimeur’’ déterminent "une répartition tonique particulière, le coté où la tête est tournée est plus tonique, le bras de ce coté est le plus souvent en extension, la main dans la zone de vision focale. C’est cette main qui assurera plus tard les conduites de pointage" (2) ou servira de point d’appui. L’autre bras moins tonique peut réaliser la prise.
Elle privilégie une orientation vers d’autres objets du milieu, et sollicite l’entrée visuelle.
Le schéma d’enroulement associé à une oscillation rythmique permet le passage d’une posture asymétrique à une autre, en rendant possible le changement des points d’appui au niveau des ischions.
Ainsi, « la coordination des postures asymétriques gauche et droite permettra de constituer un "axe corporel", premier point d’appui à la fois physique et représentatif pour les futures fonctions instrumentales » (7).
Les postures pathologiques se caractérisent par une inversion des points d’appui. « Dans le cas d’une hyper-extension du buste, le passage dans une posture opposée est quasi-impossible, et entraîne un effondrement tonique ou à l’opposé une mise en tension excessive qui verrouille le buste dans cette posture. » (2) «Si elle s’installe, elle ne permet pas les rotations du buste et perturbe sérieusement les coordinations visuo-manuelles ». (3)
Le déséquilibre entre les schèmes de flexion et d'extension a plusieurs effets :
La coordination des espaces droit et gauche :
A la naissance, les espaces gauche et droit sont disjoints. Avant que la rotation du buste soit installée, la bouche va servir de relais pour passer un objet d’une main à l’autre et d’un espace à l’autre. Cependant, cette coordination « via l’espace oral se réalise par une dissociation des ceintures scapulaire et pelvienne. Cette torsion du buste n’est possible que si l’équilibre entre flexion et extension est acquis. » (11) Si les rotations ne s’installent pas, la bouche reste mobilisée comme moyen de transit et d’exploration.
L’unification de ces différents espaces crée l’espace de préhension. « Cette non coordination des espaces gauche et droit en un espace unique a un retentissement important au plan praxique. La planification et la coordination de gestes spatialement orientés est quasi-impossible.» (3)
« Les deux postures asymétriques et la posture de face déterminent trois espaces qui sont disjoints tant que les rotations n’autorisent pas un passage actif des objets de l’espace à l’autre. Dans cette problématique, la bouche joue un rôle d’espace de transit pour le passage d’un espace latéral à l’autre. ». (10) Cependant, « les espaces disjoints ne seront reliés que lorsque le redressement et la rotation du buste seront maîtrisés. » (11) et que les deux moitiés du corps (Haag) seront rassemblées.
Les prothèses de rassemblement « sont les conduites et les moyens que l’enfant à risque autistique utilise pour compenser ses difficultés essentielles de rassemblement et de stabilisation des divers espaces qu’il habite. » (11)
La régulation tonique « constitue le point d’appui physique et spatial du geste » (11)
On retrouve 4 sources de régulation tonico-posturale :